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LE CADRE GEOGRAPHIQUE DE HENDAYE

par Pedro Sanchez Blanco

 

 

 

Les limites de la commune

 

L’espace de la commune de Hendaye est encadré au sud et à l’ouest par la Bidassoa à partir du pont de Béhobie jusqu’à son embouchure, au nord par la plage et les falaises (des Deux Jumeaux jusqu’à HaÏzabia qui se trouve un peu plus loin du château d’Abbadie), et à l’est par une ligne qui descendant de Haïzabia rejoint le pont de Béhobie et sépare Hendaye d’Urrugne.

 

Sur la rive gauche de la Bidassoa et de la Baie de Txingudi se situent Fontarabie, juste en face du centre ville de Hendaye, et en peu en amont, Irun. La Bidassoa étant la frontière entre la France et l’Espagne, Irun et Fontarabie sont les premières villes basques, côté espagnol, et Hendaye la première ville basque côté français.

 

Le paysage

 

Le noyau originel de Hendaye était sur la petite colline au bord de la Baie de Txingudy qui abrite l’actuel centre ville, et le bas quartier qui, à marée haute, pouvait accueillir les bateaux et constituait le port de Belzenia. Au flanc de la colline, où aujourd’hui se situe le monument aux morts et le jardin Pierre Loti, une fortification, motif des disputes avec Fontarabie, surplombait Belzenia pour défendre le bourg et le port.

Une petite promenade dans le centre ville permet de contempler les unités du paysage des alentours de Hendaye et de donner envie de savoir comment tout cela s’est formé et quel rôle ces unités ont pu jouer dans l’histoire de Hendaye.

  

Ses unités :

- Au nord, la Baie de Txingudi, fermée par le port de plaisance qui fait dos à la grande plage, l’Océan Atlantique -appelé aussi dans ce coin mer Cantabrique- et le début de la Corniche Basque.

- A l’est, la plaine, quelque peu accidentée et un horizon dégagé, plaine qui est le prolongement de la Corniche Basque.

- A l’ouest et au sud la Bidassoa, les dernières hauteurs pyrénéennes : le Jaïzkibel au pied de l‘océan, les Trois Couronnes -ou Peñas de Aya- Xoldokogana et La Rhune.

 

Sa formation :

Il y a plus de 150 millions d’années sur la planète Terre il n’y avait qu’un seul grand continent appelé Pangée qui commençait à se fracturer dessinant les actuelles terres émergées concentrées dans deux grandes ensembles : Laurasia (l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie) et Gondwana (l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Inde, l’Océanie et l‘Antarctique).

  

Il ya 100 millions d’années un sillon se creuse entre ce que l’on dénomme aujourd’hui continent européen et la Péninsule Ibérique. La Péninsule va osciller d‘une position initiale nord-ouest à une autre sud-ouest ce qui permettra l‘ouverture du golfe de Gascogne -ou de Biscaye- sur l’actuel Océan Atlantique dont les eaux envahissent le sillon pendant quelques millions d’années. Le sillon va recevoir les sédiments résultant de l’érosion du relief qui vont se déposer en couches successives.

  

Il y a 40 millions d’années, l’actuel continent européen et la Péninsule Ibérique vont se rapprocher jusqu’à fusionner au milieu de fortes pressions qui soulèvent le bord de la Péninsule et les sédiments déposés dans le sillon.

Sur le bord de la Péninsule Ibérique surgissent ainsi les Pyrénées ; les couches des sédiments qui ont rempli le sillon et se sont endurcis sont soulevées et vont se plier formant le Flysch Basque (flysch étant la dénomination en géologie de cette structure) qui se termine sur l’Océan dans les falaises qui vont de Hendaye à Biarritz et que l’on connaît comme la Corniche Basque, falaises qui mettent à nu les couches de roches sédimentaires et leur tortueuse structure.

  

Les unités de l’actuel paysage autour de Hendaye sont apparues ; les cours d’eau et le climat combinés et les glaciations vont agir sur elles et les modifier.

Les cours d’eau –nombreux, vu le climat océanique, et torrentiels dus aux Pyrénées- vont éroder les montagnes et charrier des matériaux de diverses grosseurs pour les déposer tout le long de leurs courts parcours -vu la proximité de l’Océan Atlantique-.

Les glaciations avec ses périodes de gel et de dégel feront reculer l’océan jusqu’à 11 ou 13 km par rapport à son niveau actuel établi il ya 20 000 ans. Ces régressions et transgressions de l’océan jouent dans la sédimentation opérée par les cours d’eau.

  

Le rôle de la Bidassoa

Sur ce relief la Bidassoa va agir. Elle prend sa source dans le massif Pyrénéen à 70 km de son embouchure et, accolée à ce massif, approche Hendaye en aval de Biriatou, à partir d’où elle casse le Flysch Basque laissant ainsi apparaitre sa structure à Béhobie sur la route qui mène à l’autoroute et à Biriatou, et à Fontarabie du côté du port de pêche avant le cap du Figuier.

  

A hauteur de l’Ile des Faisans -ou de la Conférence- commence son estuaire, elle se déploie d’abord en plusieurs méandres autour d’un ensemble d’îles jusqu’aux abords des ponts internationaux où elle forme la Baie de Txingudi, et se jette dans l‘Océan, collée au Jaïzkibel et encadrée par deux longues digues, une côté Fontarabie, qui protège sa plage et le port de plaisance, et l’autre côté Hendaye et qui part de Sokoburu, au bout de la grande barre formée par un grand amoncellement de sables qui constitue l’axe autour duquel s’accrochent la plage au nord, son port de plaisance au sud et entre les deux Hendaye-plage.

  

A marée basse on découvre à quel point l’immensité des sables et des boues que la Bidassoa a charriées pour former son estuaire et la Baie, est un élément fondamental du paysage, et il faut tenir compte du fait que l’urbanisation récente a occulté de grandes superficies sablonneuses. C’est le cas de Hendaye-Plage construite au tout début du XXe siècle sur les dunes qui s’abritaient derrière la Barre et le début de la Corniche au pied des deux Jumeaux, le cas du quartier des Joncaux -à l’origine trois grandes îles rattachées à la terre ferme dans les années 1960- et du côté d’Irun et de Fontarabie le cas de nombreux ruisseaux qui descendent de Trois Couronnes et du Jaïzkibel qui ont été endigués et ses rives asséchées et urbanisées tout au long du siècle passé.

  

 

 

Le pont  de  Béhobie  devant les anciens fonds marins soulevés, pont vu de la limite entre les communes de Hendaye et d'Urrugne

 

  

 

 La plaine qui prolonge la Corniche vue de l'entrée du Vieux Cimetière

 

   

 

 

 La plaine vue du début des Allées

 

 

 

 

 

  Le Cap du Figuier, l'Océan et un coin de la Baie de Txingudi vus de la terrasse de la Médiathèque

 

 

Trois Couronnes (Peñas de Aya) vues de la Place de la République

 

 

 

 

  Le Mont Jaizkibel vu de la rue des Jardins

 

 

Le mont Jaizkibel vu de la rue du même nom

 

LE CADRE GEOGRAPHIQUE DE HENDAYE

 

Le climat et la végétation

  

La Côte Basque faisant partie de la façade atlantique européenne, est sous la pleine influence du climat océanique caractérisé par la douceur des températures, sans grands écarts entre mois chauds et mois froids, et les précipitations fréquentes et abondantes qui entretiennent une végétation dense et arbres robustes et caducifoliés, le chêne et le hêtre étant leurs espèces emblématiques.

  

Néanmoins, le relief, la latitude et la proximité plus ou moins grande de l’océan nuancent les caractéristiques générales du climat.

Dans le cas de Hendaye à ces trois éléments il faut ajouter la Baie de Txingudi ; l’interaction de ces quatre éléments se joue comme dans un théâtre :

- les gradins seraient le Jaizkibel, les Trois couronnes, Xoldokogana et La Rhune,

- les loges, Hendaye plage, Hendaye ville et Hendaye Gare,

- la scène, la Baie,

- les coulisses, le cap du Figuier, l’horizon, les deux Jumeaux et Abbadie. 

 

Les vents plus fréquents qui apportent l’humidité et la douceur soufflent de l’ouest et donc, ils doivent surmonter le Jaizkibel où ils vont perdre une partie de leur humidité et de leur fougue et ils ne s’abattront pas sur Hendaye en forme de violentes tempêtes comme dans d’autres villes côtières basques et on peut noter que la fréquence et la quantité de pluie est moindre à Hendaye.

L’eau en mettant plus longtemps que la terre à se réchauffer et à se refroidir adoucit les températures froides l’hiver et chaudes l’été ; Hendaye qui regarde l’Océan, tenant devant elle la Baie de Txingudi, ne souffre pas de jours trop froids en hiver ni de journées suffocantes en été.

 

C’est certain que le vent du sud fréquent en automne peut gêner par sa force et par la température quelque peu élevée qu‘il emmène, mais l’atmosphère, les lignes du relief et les couleurs sont limpides et on peut avoir l’impression d’un été qui se prolonge.

 

Plus d’inconvénients présente ce phénomène spécifique de la Côte Basque appelé enbata à Hendaye, brouillarta à Biarritz et galerna au Pays Basque espagnol. Il peut se manifester en fin d’après-midi des rares journées où les températures atteignent les 30° et provoque la panique des vacanciers sur la plage quand un vent fort arrache les parasols, soulève le sable empêchant la vision et occultant les serviettes, le tout accompagné d’une chute brutale des températures -jusqu’à 13°- et de la luminosité et d’une hausse de l’humidité ambiante qui frôle le 100 %. Ce phénomène résulte de la combinaison des hautes températures qui réchauffent la masse d’air qui est sur terre et l’arrivée d’une masse d’air océanique beaucoup moins réchauffée et très humide qui en choquant contre les Pyrénées, en commençant par le Jaizkibel dont le sommet se couvre d’une épaisse coiffe de nuages, se refroidit rapidement, et, alourdie s’engouffre violemment sous le vide qui laisse la masse d’air sur terre en s’élevant avec force du fait de sa haute température ; le contact de ces deux masses d’air si différentes provoque les nuages et la perte de luminosité, le vent violent ainsi que les possibles précipitations, et la masse d’air froid dominante la chute brutale des températures.

 

Le milieu géographique et les hommes

autour de l’extrémité occidentale des Pyrénées et de l’estuaire de la Bidassoa

 

La traversée des Pyrénées

L’ensemble pyrénéen est large et massif et donc, difficile à traverser sauf sur ses deux extrémités orientale et occidentale. Exceptés les temps gréco-romains et l’époque contemporaine l’extrémité orientale avait moins d’intérêt que l’occidentale vu l’essor de l’Atlantique et de l’Europe du nord pendant le moyen âge et l’âge moderne, mais malgré les nombreux gués qui par marée basse permettaient de franchir la Bidassoa, le fait d’avoir à transiter les marécages des Landes au nord de Lapurdum-Bayonne et le relief accidenté et tortueux du coin nord-est de la Péninsule Ibérique jusqu’à arriver à son centre, minoraient sa fréquentation et l’on préférait Roncevaux qui évitait les Landes et qui débouchait rapidement et sans effort sur la plaine navarraise.

 

La défense des gués

Malgré le caractère secondaire du passage de la Bidassoa par rapport à Roncevaux, il fallait défendre le passage, et cela était plus facile depuis les hauteurs de sa rive gauche. C’est peut être pour cela que tout au début de l’ère actuelle Strabon qualifiait la Bidassoa de frontière entre l’Aquitaine et l’Ibérie.

 

L’obtention des aliments

Les céréales constituaient l’aliment de base au moins jusqu’au siècle passé, les sols plus plats et étendus se trouvent à droite de la Bidassoa.

 

Les richesses du sous-sol

Les Trois Couronnes - Peñas de Aya - sont des roches très anciennes riches en minerais. Il est pratiquement sûr que le fer y a été exploité avant que les romains se soient intéressés à l'argent au plomb et au cuivre. Le fer et la galène ont été extraits jusqu’à la fin du siècle dernier. Aujourd’hui on peut visiter une partie de ces mines d’Arditurri et parcourir quelques kilomètres de tunnels.

 

Les villes

Les villes sont crées par les hommes en fonction des éléments fondamentaux pour leur vie que l’on a cité et la dynamique des époques; c’est ainsi que la première ville sur l’estuaire de la Bidassoa a été l’Oiasso romaine à l’emplacement du quartier Beraun-Santiago à côté de l’église de Ste. Marie du Juncal d’Irùn, ville portuaire en fonction des minéraux extraits des Trois Couronnes. Disparue avec la fin de l’empire romain, c’est Fontarabie qui surgit un peu plus loin vers le VIIIe siècle sur une colline qui, fortifiée, deviendra la défense de l’entrée en Espagne; Irun surgira comme quartier de Fontarabie pour garder le gué au niveau de l‘actuel pont international Saint Jacques.

Ce n’est qu’au XIIe siècle que les documents permettent de confirmer l’existence des domaines agricoles, Subernoa et Irandatz, et une occupation stable sur la rive droite de la Bidassoa qui était le Prieuré-Hôpital de Subernoa à l’autre bout du gué déjà cité et qui facilitait le passage de la Bidassoa aux pèlerins qui allaient à Compostelle et leur offrait logis et soins, et cimetière si besoin était.

Il faut attendre le XIV siècle pour que le nom de Hendaye apparaisse dans un document, et le siècle suivant pour constater l’existence d’un bourg de ce nom dépendant de la paroisse d’Urrugne; le tout en fonction du déclin du port de Bayonne et de la fin de la suzeraineté anglaise sur l’Aquitaine-Gascogne et le début de la souveraineté du roi de France.