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Il y a 150 ans … l’arrivée du train à Hendaye
Histoire et conséquences
L’Histoire de l’arrivée du train à Hendaye n’est pas aussi lisse qu’il n’y parait. Heureusement, entre hésitations sur le lieu de franchissement des Pyrénées et démêlées opposant la Compagnie des chemins de fer du Midi et la commune de Hendaye, le train a imposé sa révolution. Le village de la moitié du XIXème siècle dédié à la pêche, l’agriculture et le commerce transfrontalier est très rapidement devenu une ville dont les activités nouvelles liées au transport, à la valorisation du fret et à l’accueil des touristes, sont majoritaires. Un mouvement qu’en 1 h 45, Oroitza a expliqué.
Après une plongée dans le contexte des années 1850-1875 et leurs événements dramatiques tels que la guerre de Sécession ou de 1870, la présentation de certaines publicités d’époque, la lecture de textes révélant les hésitations de scientifiques et d’écrivains à propos du train, les 120 personnes présentes sont entrées dans le vif du sujet.
En premier lieu, il leur a fallu chasser de leur esprit l'évidence du passage par Hendaye. Les différents enjeux géopolitiques, régionaux et financiers existants, étaient loin de faire pencher la balance en faveur du complexe Hendaye-Irun. C'est un quasi-miracle que le passage côtier appuyé par le Guipúzcoa et Saint-Sébastien, l'emporte contre les avis du Conseil Supérieur des Ponts et Chaussées et les ambitions de Bayonne, de la Navarre et de James Rothschild. Monsieur Eugène Rouher, Ministre de l'Agriculture et des Travaux Publics a imposé la solution la plus pragmatique étant donné l'avancée de la ligne Madrid-Irun.
S’en suivirent les difficultés de construction de la ligne Bayonne-Irun, notamment à Bayonne et à Hendaye. Exigences des militaires, pénuries de main d’œuvre, difficultés techniques, mauvaises relations avec les collectivités territoriales s’enchaînent. La mise en service de la ligne, prévue fin 1863, de retards en retards, est repoussée à avril 1864.
Cette mauvaise ambiance est soulignée par l’accueil des frères Pereire par Monsieur Darrecombehere, Maire de Hendaye, en gare de cette même ville, le 19 avril 1864, sans célébration particulière. Heureusement les fastueuses cérémonies de l’inauguration de la ligne Paris-Madrid à Saint-Sébastien caractérisées par la venue du Roi Consort François d’Assise, la reine d’Espagne Isabel II empêchée, ont mis du baume au cœur aux Frères Pereire. Isaac reprenant le thème de la suppression à ce jour des Pyrénées prononce un discours en faveur des avantages du libre échange, pendant que Théophile Gautier laisse libre cours à sa plume. En fin de cette journée, présidée, côté français, par les Directeurs du Ministère de l’Agriculture et des Travaux Publics et du Ministère des Finances, mais dont le drapeau français est absent, le Roi Consort se rend à Hendaye afin d’emprunter le train impérial où l’attend l’Aide de camp de l’empereur Napoléon III.
La ligne ouverte, le peu de cas fait par la Compagnie des chemins de fer du Midi au « Village de Hendaye » et la qualité de « Vache à lait » attribuée tant par la commune que ses habitants, instaurent un climat conflictuel. Quatre points principaux focalisent les ressentiments : Il s’agit de la fontaine municipale, les chemins accaparés, l’accès particulièrement médiocre à la gare, provisoire les quatorze premières années et l'étroitesse du pont de la ville. Inutile d'insister sur les problèmes récurrents, jusque dans les années trente, de l'accès aux sanitaires de la gare. Heureusement, quelques actions en justice, interventions amicales et conseils d'avocats plus tard, ajoutés à une nouvelle perception des potentialités économiques de Hendaye, un "traité" de fin des hostilités est signé entre Monsieur Vic le maire de l'époque et Monsieur Theurnissen, Vice-Président de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi. Cet acte de 1907 ouvre une ère de collaboration. Outre une compensation financière et la reconstruction de la fontaine, les accès à la gare définitive, construite entre 1876 et 1878, sont améliorés. Restera, après la guerre de 14-18, à édifier un nouveau pont sur la voie, la gare de Hendaye-Plage et le bâtiment sanitaire sur la cour des voyageurs.
Les personnels permettant la marche des trains n’ont pas été oubliés. Une revue de détails de cette troupe, au début organisée militairement et répartie en grades, puis construisant ses spécificités, a été faite. Après un rapide survol des uniformes à l’allure militaire employés dans les premières années, l’évocation des espadrilles chaussées par les cheminots de la Compagnie du Midi, les spectateurs ont pu ainsi s’initier aux différents métiers des premiers temps du chemin de fer : Poseur de voie, cantonnier, garde-barrière, aboyeur, travaux du lampiste, dangers encourus tant par les employés aux bouillottes que par les contrôleurs de billets. L’évolution des métiers n’a pas été oubliée, notamment chez les aiguilleurs qui, rapidement ont quitté la simplicité du maniement d’un levier à même la voie, à la complexité de plus en plus grande des postes d’aiguillage.
La présentation de la « noblesse du rail » des débuts aux années trente, à savoir les mécaniciens et chauffeurs, a ému le public, notamment par l’amour porté par ses hommes à leurs locomotives aux prénoms féminins.
Suite à ce moment d’émotion, rehaussé par les prestations de Jean Gabin, de Simone Simon et de la « Lison » dans deux extraits du film de Jean Renoir, « La Bête Humaine », tiré du roman d’Emile Zola, le ton est devenu plus léger. Les caricatures humoristiques d’époque, notamment du garde-signal, ont déclenché les rires de la salle.
Quant aux conséquences de l’arrivée du train à Hendaye, appréhendées à travers des symboles, elles ont été simplement évoquées tant les Hendayais savent ce qu’ils doivent à cette technologie de transport. Toutefois, les conséquences démographiques, commerciales, balnéaires, touristiques, industrielles survolées, il n'était pas inutile de s'arrêter un instant sur le symbole sociologique constitué par l'aujourd'hui disparue "Barrière" l'emblème du néo-basque qu'est la gare de la plage et le lieu mondial de mémoire qu'est le quartier de la gare.
Ce dernier point fut souligné avec beaucoup d'émotion dans la voix, par Madame Peyrelongue.
En conclusion, s’appuyant sur la réaction d’Antoine d’Abbadie à propos des interférences induites par le passage du train sur un de ses programmes de recherches, Monsieur Kotte Ecenarro, maire de Hendaye, a évoqué les perturbations inévitables apportées par toutes évolutions technologiques. Il a encouragé également Oroitza à poursuivre dans cette voie de diffusion nouvelle de l’histoire et de la vulgarisation.